Qui est Hélène Gordon-Lazareff ?
Origines et jeunesse d'Hélène Gordon-Lazareff
Naissance et enfance en Russie
Hélène Gordon-Lazareff est née le 21 septembre 1909 à Rostov-sur-le-Don, en Russie, dans une famille de la haute bourgeoisie juive. Son père, Boris Gordon, était un homme d'affaires influent, possédant une fabrique de tabac, une imprimerie et un journal.
En 1917, la Révolution bolchevique force la famille à fuir. Hélène, sa mère et sa sœur se réfugient d'abord à Istanbul. Pour échapper aux dangers, elles voyagent incognito, allant jusqu'à couper les longs cheveux d'Hélène.
Après plusieurs mois en Turquie, elles rejoignent finalement Boris à Paris en 1920. Hélène, élève brillante, s'inscrit au lycée Victor-Duruy puis à la Sorbonne, où elle étudie la littérature et l'ethnologie.
Ce parcours académique atypique pour une femme de son époque lui ouvre des portes vers des cercles intellectuels influents.
Fuite de la révolution et installation à Paris
La famille Gordon, appartenant à la haute bourgeoisie juive, a été contrainte de quitter la Russie à cause de la Révolution bolchevique de 1917. Leur exil les conduit d'abord à Istanbul, où elles passent plusieurs mois.
Hélène, alors enfant, doit couper ses longs cheveux pour éviter de se faire remarquer par les Bolcheviks. Ce geste symbolique marquera son apparence future. En 1920, la famille rejoint finalement Paris. Grâce à des fonds transférés dans des banques étrangères, ils parviennent à maintenir un certain confort de vie.
Hélène poursuit ses études au lycée Victor-Duruy et s'inscrit ensuite à la Sorbonne pour étudier la littérature et l'ethnologie. Cette formation académique lui permet d'intégrer des cercles intellectuels influents, préparant ainsi le terrain pour sa future carrière dans le journalisme.
Formation et premiers pas dans le journalisme
Hélène Gordon-Lazareff commence sa carrière journalistique en collaborant avec L'Intransigeant, où elle publie son premier récit de voyage. Elle utilise le pseudonyme de Tante Juliette pour écrire la rubrique enfants de Paris-Soir, dirigée par Jean Prouvost. Ce choix de pseudonyme lui permet de se faire connaître tout en conservant une certaine discrétion.
Ensuite, elle travaille pour le magazine Marie Claire, également fondé par Jean Prouvost. La Seconde Guerre mondiale marque un tournant décisif pour Hélène et son mari Pierre. Le couple se réfugie à New York, où ils découvrent les méthodes du journalisme américain. Là, elle collabore avec des titres prestigieux comme Harper's Bazaar et le New York Times, perfectionnant son style et affirmant son expertise.
Cette expérience américaine sera cruciale pour la suite de sa carrière.
Carrière journalistique d'Hélène Gordon-Lazareff
Hélène Gordon-Lazareff a commencé sa carrière journalistique en collaborant avec L’Intransigeant, puis Paris-Soir, où elle utilisait le pseudonyme de Tante Juliette pour écrire la rubrique enfants.
Après la Seconde Guerre mondiale, elle revient en France et fonde le magazine Elle en 1945. Ce magazine deviendra rapidement une référence dans la presse féminine, grâce à son ton novateur et la qualité de ses contenus. Elle introduit de nouvelles techniques iconographiques, comme la quadrichromie, et met en avant une image de la femme plus autonome et moderne.
Sous sa direction, Elle devient également un tremplin pour de nombreux talents, notamment Françoise Giroud. Le magazine joue un rôle crucial dans l’émancipation des femmes en France, en leur offrant une plateforme pour s'exprimer et s'informer sur des sujets variés, allant de la mode à la politique.
Collaboration avec L'Intransigeant et Paris-Soir
Hélène Gordon-Lazareff se distingue rapidement par son talent et son dévouement dans les rédactions de L'Intransigeant et Paris-Soir. À L'Intransigeant, elle réalise des reportages marquants, comme celui sur le pays Dogon en 1935, qui démontre son regard aiguisé et sa capacité à captiver les lecteurs.
À Paris-Soir, elle contribue à la rubrique enfants sous le pseudonyme de Tante Juliette. C'est dans ce journal qu'elle rencontre Pierre Lazareff, futur rédacteur en chef de France-Soir. Leur collaboration professionnelle se transforme rapidement en partenariat personnel et professionnel solide.
Durant leur exil aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, Hélène perfectionne son style en travaillant pour des publications renommées comme le New York Times et Harper's Bazaar. Cette expérience enrichit non seulement son expertise, mais aussi sa vision du journalisme moderne.
Quel magazine féminin fut créée en 1945 par hélène gordon-lazareff ?
Rôle de Nina dans la création du magazine
Nina Lazareff, la fille adoptive de Pierre Lazareff, a joué un rôle discret mais essentiel dans la création du magazine Elle.
Elle a contribué à créer une ambiance familiale et solidaire au sein de la rédaction. Nina était souvent présente lors des réunions de travail, apportant un regard extérieur et des idées fraîches.
Sa proximité avec Hélène Gordon-Lazareff lui a permis de comprendre les attentes de cette dernière et d’y répondre avec justesse.
De plus, Nina a facilité les relations entre les différents membres de l’équipe, favorisant ainsi une collaboration harmonieuse et efficace.
Par exemple, elle organisait régulièrement des événements informels pour renforcer les liens entre les journalistes et les photographes.
Sa présence a été un véritable soutien moral pour Hélène, surtout dans les moments de stress intense.
Influence de Elle sur l'émancipation des femmes
Le magazine Elle, créé en 1945 par Hélène Gordon-Lazareff, a été un véritable vecteur de changement pour les femmes. Dès le départ, Elle se distingue par son approche novatrice, mettant en avant une femme moderne, active et autonome. Hélène Gordon-Lazareff ne se contentait pas de présenter des tendances de mode mais aussi des modèles de femmes exerçant des métiers traditionnellement masculins.
Elle a également donné une voix aux femmes à travers des articles sur des sujets variés, de la politique à la culture, en passant par la sexualité. Les collaborations avec des écrivaines comme Françoise Giroud ont renforcé cette orientation.
Le magazine a aussi joué un rôle crucial en découvrant et en mettant en avant des talents féminins, comme Brigitte Bardot, contribuant ainsi à leur émancipation. Cette dynamique a permis de briser de nombreux stéréotypes de genre et de promouvoir une image de femme libre et indépendante.
Publication des premières photos de Brigitte Bardot
Hélène Gordon-Lazareff, visionnaire et dénicheuse de talents, a joué un rôle crucial dans la carrière de Brigitte Bardot. En 1949, Hélène découvre Brigitte, alors âgée de 14 ans, et décide de la photographier pour la couverture du magazine Elle.
Cette première apparition marque le début d'une série de collaborations fructueuses. En 1952, Bardot figure à nouveau dans le magazine, cette fois-ci en tant que modèle junior. La visibilité offerte par Elle attire l'attention du réalisateur Roger Vadim, qui, impressionné par ses photos, lui propose un essai à l'écran.
Cette rencontre fortuite entre Hélène et Brigitte propulse Bardot vers une carrière cinématographique éblouissante. Grâce à Elle, Brigitte Bardot devient rapidement un symbole de la mode et du cinéma, influençant des générations de femmes.
Vie personnelle d'Hélène Gordon-Lazareff
Mariage avec Pierre Lazareff
Pierre Lazareff, rédacteur en chef de Paris-Soir, rencontre Hélène Gordon lors d'une soirée en 1935. Leur relation évolue rapidement, et ils se marient en avril 1939. Pierre, déjà père adoptif de Nina, accepte d'emblée la fille d'Hélène, Michèle, formant ainsi une famille recomposée.
Le couple, souvent qualifié de "hors normes", partage une vision moderne du mariage, privilégiant l'indépendance et la liberté individuelle. Ils s'exilent ensemble aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, où Hélène travaille pour le New York Times et Harper's Bazaar.
Le retour en France après la guerre marque le début de leur collaboration à la tête d'un empire médiatique. Hélène fonde le magazine Elle en 1945, tandis que Pierre dirige France-Soir. Ensemble, ils deviennent des figures incontournables du paysage journalistique français.
Maladie d'Alzheimer et fin de vie
Hélène Gordon-Lazareff commence à montrer les premiers signes de la maladie d'Alzheimer au début des années 1970. Cette période marque un tournant difficile dans sa vie personnelle et professionnelle.
Après le décès de son mari Pierre Lazareff en 1972, elle se retire de la direction du magazine Elle. Ses troubles cognitifs s'aggravent progressivement, la conduisant à se retirer dans sa propriété de La Fossette au Lavandou.
En fin de vie, elle est entourée de proches et bénéficie de soins adaptés. La détérioration de sa mémoire et de ses facultés cognitives la rend de plus en plus dépendante. Malgré ces défis, elle reste une figure emblématique de la presse française, ayant marqué l'histoire avec son magazine.
Héritage et influence d'Hélène Gordon-Lazareff
Hélène Gordon-Lazareff a laissé une empreinte indélébile sur la presse féminine. Elle a su créer un magazine, Elle, qui a non seulement influencé la mode, mais aussi la culture et la société.
Son approche innovante a transformé la manière dont les femmes étaient représentées dans les médias. Elle a introduit des pratiques journalistiques modernes, comme l'utilisation de la photographie en couleur et des reportages de terrain.
Hélène était également une découvreuse de talents. Elle a révélé de nombreuses personnalités, dont Brigitte Bardot, qui deviendra une icône mondiale. Son sens aigu de l'époque lui permettait de capter et de définir les tendances avant tout le monde.
Elle a également brisé les barrières dans un milieu d'hommes, prouvant que les femmes pouvaient réussir dans des rôles de leadership. Son héritage perdure, influençant encore aujourd'hui la presse et la mode.
Rôle dans l'histoire de la presse française
Le journal de Hélène Gordon-Lazareff a profondément marqué l'histoire de la presse française par son audace et son esprit novateur. Elle a introduit des pratiques avant-gardistes dans le journalisme féminin, notamment l'utilisation de la photographie en couleur et des reportages immersifs.
Elle a également su créer un magazine qui a su capter l'air du temps et anticiper les tendances. Son intuition lui a permis de révéler des talents comme Brigitte Bardot, devenant ainsi une figure incontournable de la presse et de la mode.
En outre, elle a transformé la presse féminine en la rendant plus accessible et en abordant des sujets variés tels que la mode, la société et la politique.
Son influence perdure aujourd'hui, faisant d'elle une pionnière qui a su briser les barrières dans un milieu principalement dominé par les hommes.
Influence sur le féminisme au XXe siècle
Impact du magazine Elle sur la mode des années 1960
Le magazine Elle a joué un rôle déterminant dans la mode des années 1960, en popularisant des tendances audacieuses et avant-gardistes. Sous la direction d'Hélène Gordon-Lazareff, Elle a mis en avant des designers émergents et des créateurs de mode innovants, propulsant ainsi des noms comme Yves Saint Laurent ou Paco Rabanne sur la scène internationale.
Le magazine a également contribué à la démocratisation de la mode en rendant les créations de haute couture accessibles au grand public. Les lectrices pouvaient s'inspirer des styles présentés dans les pages d'Elle et les adapter à leurs propres garde-robes.
Parmi les tendances marquantes, on trouve la minijupe, popularisée par Mary Quant, et le style androgyne, qui a permis aux femmes d'exprimer leur indépendance. Ces innovations ont non seulement influencé la mode, mais ont aussi reflété les changements sociaux de l'époque.
Contribution à l'histoire des femmes dans le journalisme
Hélène Gordon-Lazareff a laissé une empreinte indélébile dans le journalisme féminin. Elle a su instaurer un ton unique et audacieux, favorisant l'émancipation des femmes.
Elle innove en utilisant la quadrichromie, rendant le magazine visuellement attrayant. Par ailleurs, elle a su capter l'air du temps en intégrant des rubriques pratiques et culturelles.
Son magazine Elle devient rapidement une référence, permettant aux femmes de s'informer sur des sujets jusque-là réservés aux hommes. Hélène a également mis en avant des femmes de talent, leur offrant une plateforme pour s'exprimer.
Grâce à son intuition, elle a su découvrir et promouvoir des icônes comme Brigitte Bardot. Cette approche a permis de briser les stéréotypes et d'ouvrir de nouvelles perspectives pour les femmes dans le domaine journalistique.